Voici l’histoire vraie d’un dirigeant.

Seuls les prénoms et les lieux ont été modifiés.

Vendredi 3 avril 2020,

06H45

Stéphane est seul dans son bureau grisâtre qui donne sur le bois. Après deux semaines de confinement, et les premières urgences traitées, il pleut, il n’a pas dormi de la nuit. Pour le 5ème mois consécutif, sa trésorerie est à sec. Les actions de recouvrement produisent peu de résultats. Il ne sait pas comment il va payer les salaires de ses 43 collaborateurs ce mois-ci encore. Il n’a pas dit à son épouse, Marie, que l’une des assurance vie familiale lui avait servi à financer la trésorerie depuis quelques mois. Comme une onde acide qui lui traverse tout le corps, un sourd et familier sentiment mêlé de solitude, de dépit et de peur, l’a déjà mis en sueur. Les yeux rivés sur son écran et sur ses indicateurs il rêve, un instant, de tout plaquer !

08H15

Son chef d’atelier l’appelle, après un rapide bonjour, lui demande confirmation que les salaires ont bien été versés, et l’informe que compte tenu de la fermeture des principaux fournisseurs, la reprise d’activité nécessitera un délai d’une quinzaine de jours pour pouvoir reprendre la production

09H30

Marie lui laisse un message pressant sur son portable. Elle lui demande d’effectuer le virement nécessaire pour régler l’artisan qui vient de rénover la cuisine.

Ce sentiment de solitude est vécu par 45% des dirigeants de PME/ETI, dont 11% se disent très isolés, selon une étude publiée par le Lab de la BPI. Les psychologues nomment ce symptôme « la tour d’Ivoire » du dirigeant.

Au sommet de l’entreprise, le dirigeant prend régulièrement des décisions lourdes de conséquences pour les femmes et les hommes qui constituent sa société. Sans cesse, il doit manier des informations complexes et confidentielles. Être le responsable légal et financier de l’entreprise. De multiples charges, qu’il ne s’autorise pas à partager. Par peur du jugement et de la critique. Comme une façon presque désespérée de « garder la face ».

Nous savons que le prix à payer va bien au-delà d’un préjudice pour la société. Nous parlons ici de la santé physique et psychologique du dirigeant. De cette lente dégradation des relations qui, inexorablement, peuvent entraîner dépression et burn-out.

Sortir de cette impasse est donc vital pour la santé et la pérennité de l’entreprise.

Voici 5 principes simples et opérationnels pour activer une nouvelle dynamique :

S’OUVRIR & ECHANGER

Avez-vous trouvé le lieu, la ou les personnes pour échanger sans peur du jugement ?

Quand avez-vous partagé, pour la dernière fois, vos véritables défis en toute authenticité ?

Si mettre des mots sur ses émotions et son ressenti sont loin d’être des évidences, sortir et pouvoir échanger avec ses pairs peuvent déjà constituer un premier pas. Ainsi, il ne faudra pas hésiter à intégrer des réseaux de dirigeants et autres clubs d’entrepreneurs. Autant d’opportunités de briser l’isolement que de faire le constat d’un sentiment partagé. Des temps de respirations nécessaires pour identifier et glaner de précieux conseils. Sans jamais être jugé.

APPRENDRE

A l’observation, Il existe une corrélation directe entre la croissance de l’entreprise et la capacité du dirigeant à se développer et à prendre de la hauteur.

Avez-vous le sentiment de progresser en permanence ?

Sortir de sa « Tour d’Ivoire », c’est se mettre dans une perspective de croissance. Affronter les difficultés en face en se posant dans une dynamique de progrès permanent. Apprendre à mieux se connaître. A identifier et à gérer ses émotions dans une perspective professionnelle. L’idée étant moins de devenir expert que d’élargir son socle de connaissances pour gagner en gestion et anticipation. Jusqu’à la maîtrise des défis sans cesse renouvelés de l’entreprise.

S’ENTOURER D’UN COMITÉ DE PILOTAGE STRATÉGIQUE

Avez-vous le sentiment de pouvoir vous reposer sur une équipe de réussite ?

Constitué de pairs complémentaires, tant par leur l’expertise que par leur personnalité, ce comité, fermement soudé autour du projet, imprégné de la culture de l’entreprise et des valeurs communes, a pour principal objectif d’éclairer et d’orienter les prises de décision. Régulièrement sollicité pour mesurer l’avancement des projets et travailler autour des visions stratégiques de l’entreprise, ce comité est l’un des rouages essentiels pour sortir le dirigeant de son isolement.

INVESTIR DU TEMPS POUR LA STRATÉGIE

Avez-vous sincèrement le sentiment de diriger votre entreprise ou serait-ce plutôt l’entreprise qui vous dirige ?

Savez-vous comment « sanctuariser » le temps nécessaire à la réflexion stratégique ?

Prendre le temps de travailler sur son entreprise plutôt que dans son entreprise. Idéalement, il faudrait pouvoir consacrer 02 heures par semaine et 1 journée tous les 3 mois pour faire le point sur la vision et l’ambition de l’entreprise. Mesurer les progressions, réajuster les process, analyser le marché, améliorer les services/produits ou encore renforcer un positionnement marché. Autant de thématiques sur lesquelles le dirigeant peut se poser avant de les confronter à son comité stratégique.

Dans un premier temps, il sera nécessaire de préparer ce rendez-vous avec un tiers, indépendant à l’entreprise. Une fois les réflexes ancrés, le dirigeant prendra plaisir à consacrer le temps nécessaire à ces rendez-vous. Sans aide extérieure.

PRENDRE DU TEMPS POUR SOI

Avez-vous une conscience claire de l’ensemble de vos rôles dans la vie ?

Avez-vous le sentiment d’investir le temps nécessaire à chacun d’entre eux ?

Vous autorisez- vous à accorder du temps à vos besoins réels ?

Savoir s’accorder des pauses, des moments d’activités sportives et culturelles, est primordial. Cela contribue à nourrir les multiples vies du dirigeant. Celles d’un père, d’une mère, d’un époux, d’une épouse ou d’un ami.

Ces parenthèses insufflent l’oxygène pour prendre du recul nécessaire. A l’image des réseaux qu’il est essentiel d’intégrer, on n’invitera jamais assez le chef d’entreprise à s’accorder du temps et des séquences de vie dans sa vie professionnelle.

L’étude Goodwill Management ne s’y trompe pas d’ailleurs. La pratique régulière du sport augmente ainsi de 6 à 9% la productivité. Au-delà d’une meilleure résistance au stress et d’une plus grande énergie, le plaisir de l’effort régulier constitue un moteur essentiel, pour faire face aux nombreux défis du dirigeant.

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